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PLACER LES POPULATIONS, LA NATURE ET LES CONDITIONS DE VIE AU PREMIER PLAN DE L’ACTION CLIMATIQUE

Cette déclaration est faite au nom de 37 réseaux et organisations africains représentant jusqu’à 200 millions d’Africains, dont des petits agriculteurs, des éleveurs, des pêcheurs, des peuples autochtones, des réseaux de femmes, des groupes de jeunes, des entrepreneurs agroécologiques, des environnementalistes, des organisations de la société civile et des groupes de consommateurs.

Alors que le monde est aux prises avec diverses crises, notamment les conflits, les maladies et la faim, l’Afrique est confrontée à de multiples défis aggravés par les effets croissants du changement climatique, qui vont des cyclones et des inondations aux périodes de sécheresse prolongées.  Les effets sur l’agriculture, qui contribue de manière significative aux moyens de subsistance et à l’économie des nations africaines, constituent une grave menace pour la population du continent.

Nous prenons acte de la Décision 3 CP/-27 : Travaux conjoints sur la mise en œuvre de l’action climatique dans le domaine de l’agriculture et de la sécurité alimentaire reconnaissant la fréquence croissante des phénomènes météorologiques extrêmes, qui exposent des millions de personnes, en particulier les petits exploitants agricoles, les ménages à faible revenu, les populations autochtones, les femmes et les jeunes dans les pays en développement, à une insécurité alimentaire et hydrique aiguë. Elle reconnaît également que les agriculteurs, y compris les petits exploitants et les éleveurs, jouent un rôle crucial en tant que gardiens de la terre. Leur vulnérabilité au changement climatique les empêche de remplir ce rôle.

Il est toutefois regrettable que la décision n’aborde pas les divers impacts des différents modèles de systèmes agricoles et alimentaires sur l’environnement et le changement climatique. Le modèle agricole prédominant suggéré et promu pour l’Afrique est le modèle d’agriculture industrielle, qui s’appuie fortement sur les engrais artificiels et les pesticides, qui nuisent à la qualité des sols, à la biodiversité et à l’environnement. Ce modèle privilégie les monocultures par rapport à la diversité et encourage la production de masse pour l’exportation, le transport des denrées alimentaires sur des milliers de kilomètres et la distorsion des marchés locaux.

Compte tenu de la période de quatre and allouée aux travaux conjoints sur l’agriculture et la sécurité alimentaire, il est profondément décevant que la session de Bonn de juin n’ait pas permis de réaliser des progrès significatifs dans la mise en œuvre de la décision de la COP 27 concernant l’agriculture.

Nous demandons donc instamment aux négociateurs agricoles de.. :

Adopter l’agroécologie : Faire de l’agroécologie un thème autonome de l’un des ateliers de session mentionnés au paragraphe 15(b) de la décision 3/CP27. L’agroécologie offre une approche durable et holistique de l’agriculture qui peut répondre efficacement aux défis du changement climatique.       Elle donne la priorité aux besoins et aux connaissances des petits exploitants agricoles, des peuples autochtones et des femmes, souvent marginalisés dans les systèmes agricoles conventionnels. L’agroécologie favorise l’équité sociale et économique, ce qui est essentiel pour renforcer la résilience des communautés vulnérables. Elle encourage l’utilisation d’intrants naturels et organiques, réduisant ainsi la dépendance à l’égard des engrais et des pesticides synthétiques qui émettent des gaz à effet de serre. Les agriculteurs peuvent réduire leur dépendance à l’égard des combustibles fossiles et des intrants synthétiques en recourant à des pratiques agroécologiques, ce qui renforce leur capacité à faire face aux effets du changement climatique.

Rejeter les fausses solutions climatiques : Rejeter l’adoption de fausses solutions climatiques, telles que l’agriculture intelligente face au climat (AIC), les crédits carbone et les solutions basées sur la nature (SBN). Les crédits carbone permettent aux émetteurs historiques de continuer à émettre sous prétexte de compenser les émissions ailleurs, ce qui a des conséquences négatives sur la vie, le tissu social et les moyens de subsistance des communautés agricoles et forestières.

Donner la priorité aux solutions locales : Axer les propositions d’adaptation et d’atténuation sur les solutions locales mises en œuvre par les communautés, en particulier les petits producteurs de denrées alimentaires, y compris les petits agriculteurs, les communautés forestières, les groupes d’éleveurs et les groupes autochtones.

Attribuer judicieusement les fonds destinés à la lutte contre le changement climatique : Orienter les nouveaux financements climatiques accessibles vers des actions climatiques durables qui répondent aux besoins des populations et des communautés locales – Il est urgent d’augmenter délibérément les financements destinés aux petits exploitants agricoles, aux pêcheurs, aux éleveurs et aux communautés autochtones, en particulier dans les pays en développement, afin de mettre en place des systèmes alimentaires durables et de s’adapter au changement climatique.  Les pays développés doivent respecter leurs engagements financiers et simplifier l’accès aux mécanismes de financement de la lutte contre le changement climatique pour que les communautés locales puissent bénéficier facilement de ces fonds. Lors de la COP 28, les parties devraient s’engager à tenir les anciennes promesses de financement et à convenir d’un cadre pour les nouveaux financements.

Nous concluons en réitérant avec force notre appel aux gouvernements nationaux et aux délégués pour qu’ils accordent la priorité à la nature, à la vie et aux conditions de vie des populations au cœur de l’action climatique en adoptant l’agroécologie dans les politiques, les pratiques et les décisions relatives au climat.


À propos de l’AFSA

L’Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique (AFSA) www.afsafrica.org est une solide coalition d’organisations de la société civile qui se consacre à la promotion des causes de la souveraineté alimentaire et de l’agroécologie sur le continent africain.  Il s’agit du plus grand réseau de réseaux en Afrique, qui compte plus de 37 membres et dont la portée potentielle combinée peut atteindre 200 millions d’Africains. Ses membres sont des agriculteurs, des communautés autochtones, des éleveurs, des pêcheurs, des réseaux de consommateurs, des réseaux de femmes et de jeunes, des organisations confessionnelles et des organisations de la société civile (OSC).

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