Le 8 décembre 2021, l’Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique s’est réunie à Nairobi, au Kenya. En tant que représentants de 55 pays africains, et de plus de 30 millions de petits exploitants agricoles, d’éleveurs, de chasseurs/cueilleurs, de peuples autochtones, d’institutions confessionnelles, de réseaux de femmes et de jeunes, de réseaux de consommateurs et de la société civile de toute l’Afrique, nous nous joignons à l’appel mondial à l’action contre l’Union internationale pour la protection des obtentions végétales (UPOV), et rejetons totalement son imposition aux systèmes alimentaires de notre continent.
L’UPOV est au cœur de la volonté de privatiser et de restreindre l’accès aux semences, et donc à la nourriture. L’UPOV a été lancée en 1961 par quelques pays européens pour permettre aux sélectionneurs de plantes d’imposer des droits de propriété intellectuelle de type brevet sur les semences. Le régime de protection des variétés végétales a été imposé à nos systèmes semenciers nationaux par le biais d’une politique harmonisée et d’accords commerciaux exigeant de nos pays qu’ils adoptent ou imitent les règles de l’UPOV, avec la coercition et la cooptation de nos institutions publiques et de nos services semenciers.
L’UPOV favorise l’uniformité des semences, et donc l’uniformité de l’approvisionnement alimentaire. Elle accorde à un petit groupe de sociétés transnationales les moyens de s’approprier et de contrôler les semences. L’UPOV est au service du système alimentaire industriel et corporatif. C’est la principale cause de la destruction de la biodiversité en Afrique, des déplacements massifs de terres territoriales et de nos marchés territoriaux, tout en provoquant l’effondrement du climat et l’augmentation de la mauvaise santé et de la malnutrition en Afrique. Pour un continent agroécologiquement diversifié comme l’Afrique, cette uniformité sape nos relations socio-écologiques historiques avec notre terre, notre nourriture et nos cultures.
Alors que l’AFSA lance l’Initiative pour une Politique Alimentaire Africaine[1], qui est un processus approuvé par des dialogues nationaux tenus dans 23 pays à travers le continent, conformément à une vision partagée pour une Afrique Souveraine sur le plan alimentaire, nous appelons à la fin de l’UPOV en Afrique. L’esprit de l’initiative sur la politique alimentaire, en collaboration avec l’Union africaine, est au cœur de ce que nous voulons pour le développement de nos systèmes et politiques agricoles – centré sur une prise de décision inclusive, participative et ascendante, qui place les petits exploitants africains, les consommateurs et nos diverses agroécologies au centre même de notre existence.
L’initiative pour une politique alimentaire africaine se veut un point de ralliement faisant autorité et dirigé par l’Afrique pour affirmer les orientations politiques africaines qui sauvegardent la souveraineté alimentaire de l’Afrique et protègent le droit à l’alimentation. En s’appuyant sur cette initiative et sur cette base, il est évident que l’UPOV et les régimes semenciers et de protection des obtentions végétales imposés par l’UPOV n’ont pas leur place dans le système semencier et les mécanismes de gouvernance de l’Afrique.
À la lumière de ce qui précède, nous disons non à l’UPOV, non à l’ingérence des entreprises dans nos systèmes alimentaires, et rien pour nous sans nous !
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[1] L’initiative de politique alimentaire de l’AFSA a été ouverte sous l’autorité du Dr Simplice Nouala Fonkou, chef de la division de l’agriculture et de la sécurité alimentaire du département de l’agriculture, du développement rural, de l’économie bleue et de l’environnement durable (DARBE) de la Commission de l’Union africaine, à Nariobi, ce jour-là.