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Nous, les membres de l’Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique – un réseau de 36 acteurs de la société civile, représentant les petits exploitants agricoles, les pasteurs, les chasseurs/cueilleurs, les peuples autochtones, les organisations confessionnelles, les réseaux de femmes et de jeunes, les réseaux de consommateurs et les environnementalistes de toute l’Afrique, dans notre réunion de 3 jours sur l’agroécologie, la souveraineté semencière, les politiques alimentaires et le changement climatique ;

Conscients de l’appel lancé par l’UA à ses États membres pour qu’ils « agissent avec un sentiment d’urgence sur le changement climatique et l’environnement » et, à cette fin, poursuivont « l’exploitation et la gestion durables de la diversité de l’Afrique au profit de ses populations », comme le prévoit l’Agenda 2063 : « L’Afrique que nous voulons » ;

Inspirés par la vision panafricaine durable de l’UA, à savoir « une Afrique intégrée, prospère et pacifique, dirigée par ses propres citoyens et représentant une force dynamique sur la scène internationale » ;

Inspirés également par le principe de l’Agenda 2063 d’une « approche africaine du développement et de la transformation » en tant que catalyseur essentiel de la transformation de l’Afrique ;

Conformément à notre vision commune d’une Afrique souveraine en matière d’alimentation, réalisée grâce à des moyens justes et équitables permettant à ses habitants d’interagir en harmonie avec la nature, d’exploiter et d’améliorer leurs systèmes de connaissances traditionnelles, de contrôler leurs territoires, leurs moyens de subsistance et leurs systèmes de gouvernance, ainsi que les processus décisionnels connexes, et de demander à leurs gouvernements et aux entreprises de rendre compte de l’héritage qu’ils laissent aux générations futures ;

Prenant note de la confirmation par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) que l’agroécologie a le potentiel de nourrir la population croissante et que les petits exploitants agricoles contribuent de manière importante au système alimentaire mondial ;

Convaincus que les systèmes de production et d’agriculture familiale africains fondés sur des approches agroécologiques et autochtones sont absolument essentiels au maintien de la souveraineté alimentaire et des moyens de subsistance des populations urbaines défavorisées et essentiellement rurales ;

Gravement perturbés par les actes manifestes et cachés des acteurs de l’industrialisation qui ont provoqué des accaparements massifs de terres, la destruction de la biodiversité et des écosystèmes par le biais des émissions de gaz à effet de serre et de la pollution, une dépendance croissante à l’égard des combustibles fossiles, des engrais synthétiques et des agro-toxines dégradant les sols, ainsi que le déplacement et la destruction des moyens de subsistance et des cultures des peuples autochtones, en particulier des pasteurs et des chasseurs-cueilleurs ;

Profondément préoccupés par les liens inextricables entre le changement climatique, la dégradation des sols, la déforestation et l’agriculture industrielle – un mécanisme de premier ordre de l’extractivisme agraire et du développement extractiviste – et par la manière dont ces phénomènes engendrent l’instabilité sociale et politique et l’insécurité alimentaire sur le continent, ce qui aggrave encore les crises systémiques et existentielles auxquelles nous sommes confrontés à l’échelle mondiale ;

Troublés par les liens entre les conflits armés en Afrique et l’insécurité alimentaire aiguë, le nombre de personnes africaines en situation d’insécurité alimentaire aiguë, qui a doublé depuis 2018, à l’effet que 12 des 15 pays africains confrontés à la plus grande crise d’insécurité alimentaire sont aussi actuellement les points chauds des conflits armés qui restent les principaux moteurs de l’insécurité alimentaire aiguë sur le continent ;

Conscients que les interventions de développement fondées sur l’exploitation ont jusqu’à présent renforcé et continuent de renforcer l’endettement, les inégalités et l’exclusion sociale, ainsi que d’approfondir la dépendance à l’égard de projets destructeurs, à courte vision et de courte durée, à forte intensité de capital et de combustibles fossiles, et des chaînes de valeur agricoles et forestières mondiales, qui contribuent tous à créer les conditions d’une extrême vulnérabilité aux chocs, y compris, mais sans s’y limiter, la pandémie de COVID-19 et ses ramifications socio-économiques négatives ;

Encouragés par un processus d’analyse des politiques et de consultations des parties prenantes impliquant des acteurs des systèmes alimentaires, de l’agroécologie et des écosystèmes au niveau continental, régional et national, qui a débuté fin 2020, dans lequel l’AFSA et la Commission de l’Union Africaine ont collaboré pour rassembler des preuves et établir une adhésion et des idées conduisant à l’élaboration d’un cadre de politique alimentaire pour l’Afrique ;

Conscients du rôle joué par les régimes alimentaires traditionnels africains dans le renforcement de la résilience de certaines communautés africaines face à la pandémie de COVID-19 et aux maladies non transmissibles (MNT), qui ont atteint des niveaux épidémiques ;

Inquiets face à l’émergence d’éléments de recherche montrant que l’urbanisation rapide et non planifiée, avec le déplacement consécutif de la main-d’œuvre de production alimentaire vers les emplois de production non alimentaire, et la montée de la classe moyenne africaine, affecte l’utilisation des terres rurales et modifie nos systèmes alimentaires ;

Alarmés par l’érosion rapide des cultures africaines qui coïncide avec la perte de biodiversité, la baisse de la qualité de l’air et de l’eau, la dégradation de nos sols, qui devient un problème majeur affectant les moyens de subsistance de beaucoup, tandis que le secteur croissant de la vente au détail/supermarché détruit et déplace les systèmes alimentaires locaux, les marchés locaux et les chaînes de valeur traditionnelles, limitant ainsi l’accès à des aliments locaux et diversifiés et à des régimes alimentaires sains ;

 

DÉCIDONS de faire cette déclaration sur la position des acteurs de la société civile africaine travaillant à la promotion de l’agroécologie et des systèmes semenciers, de manière consciencieuse et respectueuse :

  1. REMERCIONS la Commission de l’Union Africaine et, en particulier, son département de l’agriculture, du développement rural, de l’économie bleue et de l’environnement durable, pour avoir accepté de collaborer avec l’AFSA dans l’élaboration et la mise en œuvre du concept d’un cadre de politique alimentaire pour l’Afrique, qui vise à être un point de ralliement faisant autorité et dirigé par l’Afrique pour affirmer les orientations politiques de l’Afrique qui sauvegardent la biodiversité de l’Afrique (y compris les sources d’eau et les océans), la souveraineté alimentaire et protègent le droit à l’alimentation.

 

  1. EXHORTONS l’Assemblée des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine et ses organes politiques, y compris le Parlement panafricain, à protéger les millions de petits exploitants agricoles, de pasteurs, de pêcheurs, de communautés autochtones, de gardiens de la nature, de femmes et de jeunes contre les actes d’exploitation et de manipulation ultra-capitalistes des systèmes alimentaires, en sanctionnant les investissements à grande échelle réalisés en partenariat avec, par et pour ces acteurs et communautés de base, guidés par le principe du consentement libre, préalable et éclairé, tel qu’inscrit dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans (UNDROP) et la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (UNDRIP).

 

  1. DEMANDONS AUSSI à l’Union Africaine d’approuver l’initiative visant à élaborer une politique alimentaire africaine qui garantisse le besoin urgent et pressant pour l’Afrique de se nourrir dans le contexte actuel de volatilité mondiale, de crises à plusieurs niveaux et de changement climatique chaotique avec ses conséquences désastreuses.

 

  1. PRIONS EN OUTRE l’Union africaine et son organe politique, le Comité technique spécialisé sur l’agriculture, le développement rural, l’eau et l’environnement, d’approuver un mécanisme (ou un programme d’action) pour la participation des organisations de la société civile concernées par l’agroécologie, les systèmes semenciers et les systèmes alimentaires, afin que, conjointement avec la Commission de l’Union africaine, elles travaillent à soutenir et à influencer un programme de transformation des systèmes alimentaires africains qui soit respectueux des droits et inspiré par la souveraineté.

 

  1. IMPLORONS l’Union africaine d’approuver la recommandation visant à ce que la Commission de l’Union Africaine dirige le processus d’élaboration d’un cadre pour la politique alimentaire de l’Afrique qui garantisse l’adhésion et la participation d’acteurs plus larges qui répondront exactement aux aspirations de l’UA à une Afrique souveraine sur le plan alimentaire.

 

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