Dans le district de Mityana, en Ouganda, l’agroécologie se diffuse non pas par des politiques descendantes, mais grâce à des agriculteurs qui forment d’autres agriculteurs. Au cœur de ce mouvement se trouve le Rural Community in Development (RUCID), un centre de formation agroécologique fondé en 1994. De petite structure locale, il est devenu un Centre d’excellence continental dans le cadre de l’initiative Healthy Soil Healthy Food (HSHF) de l’AFSA.
En 2021, le RUCID a lancé un programme novateur de formation des formateurs (ToT) avec 30 leaders agricoles appelés « champions de l’agroécologie ». Chaque participant devait former à son tour d’autres personnes, documenter ses activités et partager ses expériences via un groupe WhatsApp. Ce modèle en cascade s’est rapidement développé : en 2024, plus de 5 500 agriculteurs avaient été formés dans neuf districts, dont plus des deux tiers étaient des femmes. Même les élèves et les jeunes sont devenus des ambassadeurs de l’agroécologie, insufflant une énergie nouvelle dans leurs familles et leurs communautés.
Les résultats sont visibles. Les paysans produisent et vendent désormais des biofertilisants, pratiquent la couverture permanente des sols, réintroduisent et échangent librement des semences locales, renforçant ainsi la souveraineté semencière. Une véritable culture d’égalité et de responsabilité partagée s’est installée, où chaque formateur enseigne et apprend aux côtés des autres.
L’influence du RUCID s’étend désormais au niveau national. Des expositions publiques, des émissions de radio et des camps agricoles inspirent les communautés, tandis que les autorités examinent comment élargir le modèle à l’échelle du pays. Les défis existent—abandon de certains formateurs, ressources limitées—mais l’élan est irrésistible. Au cœur de cette approche demeure une conviction simple mais puissante : « Tout le monde peut enseigner, tout le monde peut apprendre, tout le monde peut désapprendre. »



