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Partout en Afrique, les systèmes alimentaires connaissent des changements rapides et profonds. Les supermarchés s’étendent dans les centres urbains, les aliments transformés sont de plus en plus disponibles et les entreprises agroalimentaires augmentent leur production pour l’exportation et les marchés officiels. Derrière cette transformation se cache une force puissante mais souvent invisible : les institutions financières de développement (IFD).

Ce rapport examine comment les IFD, banques publiques soutenues par des gouvernements et des institutions multilatérales, contribuent à financer et à façonner la révolution verte africaine. Il montre que les IFD ne sont pas de simples bailleurs de fonds, mais des acteurs actifs qui favorisent un modèle de développement agricole fondé sur les intrants industriels, la production à grande échelle, le capital-investissement et les chaînes de valeur mondiales.

Depuis 2019, six IFD de premier plan, dont la SFI, la BAD, la DFC, Proparco, la BII et la FMO, ont investi plus de 3 milliards de dollars directement dans des entreprises agroalimentaires et alimentaires à travers le continent. Ces investissements soutiennent des entreprises actives dans la fourniture de produits agrochimiques, la logistique, la transformation alimentaire et, surtout, la distribution formelle.

L’une des tendances les plus évidentes révélées dans ce rapport est la « supermarchéisation » des systèmes alimentaires africains. Les IDF financent des chaînes du froid, des infrastructures de transport et des plateformes de vente au détail qui élargissent la portée des supermarchés tout en marginalisant les marchés informels. Ces investissements remodèlent la manière dont les denrées alimentaires sont distribuées et consommées, transférant le pouvoir des petits producteurs et des vendeurs de rue vers les grands fournisseurs et les détaillants industriels.

Une autre part importante des capitaux des IFD est acheminée par des intermédiaires financiers (fonds de capital-investissement et banques commerciales), ce qui rend plus difficile le suivi de la destination des fonds publics et la responsabilisation des investisseurs en cas de préjudice.

Le rapport explore également le rôle d’acteurs philanthropiques tels que la Fondation Gates, qui s’alignent étroitement sur les stratégies des IFD et cofinancent des programmes qui favorisent une agriculture à forte intensité d’intrants et axée sur la technologie. Même le financement climatique, via le Fonds vert pour le climat, est de plus en plus utilisé pour légitimer l’agriculture industrielle sous le couvert de solutions « intelligentes pour le climat ».

En bref, les IFD contribuent à construire un système alimentaire qui privilégie la croissance, l’efficacité et l’expansion du marché, mais trop souvent au détriment de l’équité, de la durabilité et de la souveraineté alimentaire.

Ce rapport appelle à une plus grande transparence et à un contrôle public accru des investissements des IFD, à une responsabilisation accrue envers les communautés touchées et à une réorientation des fonds publics vers l’agroécologie et les systèmes alimentaires contrôlés localement. L’avenir agricole de l’Afrique doit être façonné par les personnes qui en dépendent, et non par des financiers et des technocrates du développement éloignés.

Lire le rapport ici

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