In Communiqué de presse, Nouvelles, Semences

Un nouveau rapport avertit que l’AfCFTA et les politiques agricoles post-Malabo risquent d’affaiblir les petits exploitants agricoles et la souveraineté en matière de semences en Afrique

[Nairobi, 6 mars 2025] – Un nouveau rapport révolutionnaire révèle que la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) marginalisera davantage les petits exploitants agricoles, qui produisent plus de 80 % des denrées alimentaires du continent. Si des changements politiques urgents ne sont pas apportés, l’AfCTA et la feuille de route post-Malabo aggraveront l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, éroderont la biodiversité des semences et renforceront le contrôle des entreprises sur les systèmes alimentaires et semenciers de l’Afrique.

Alors que la déclaration de Malabo du Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (PDDAA) de 2014 doit s’achever en 2025, les discussions sur une feuille de route post-Malabo prennent de l’ampleur. Cependant, le rapport met en évidence une contradiction flagrante : alors que les petits exploitants agricoles africains restent l’épine dorsale du système alimentaire, les chaînes d’approvisionnement agricole sont de plus en plus accaparées par les multinationales de l’agroalimentaire, à la faveur de politiques qui privilégient l’agriculture industrielle au détriment des systèmes semenciers et alimentaires dirigés par les agriculteurs.

Principales conclusions du rapport :

  • La mainmise des entreprises sur l’agriculture africaine : Les politiques commerciales menées dans le cadre de l’AfCFTA accélèrent l’expansion des semences et des intrants agricoles contrôlés par les entreprises, écartant les petits exploitants des marchés des semences et menaçant la souveraineté alimentaire de l’Afrique.
  • Faibles protections en matière de biosécurité : 11 États parties à l’AfCFTA ont autorisé des essais d’OGM sur le terrain et/ou la production commerciale, mais le protocole sur les DPI de l’AfCFTA ne contient pas de dispositions relatives à la biosécurité, ce qui accroît le risque de contamination génétique dans le cadre du système d’assurance de la qualité des aliments (FMSS).
  • L’UPOV 1991 menace les droits des agriculteurs : L’alignement du protocole sur les droits de propriété intellectuelle (DPI) de l’AfCFTA sur l’UPOV 1991 renforce le contrôle des entreprises sur les variétés végétales, limitant ainsi la capacité des agriculteurs à conserver, échanger et vendre des semences.
  • Risques de vol de brevets et de biopiraterie : L’absence de dispositions explicites en matière de divulgation dans le protocole sur les DPI de l’ALECA ouvre la voie aux multinationales pour exploiter les connaissances traditionnelles des agriculteurs sans leur consentement ou sans partage équitable des avantages.
  • L’influence de l’AGRA sur l’AfCFTA : un nouveau protocole d’accord entre l’AGRA et le secrétariat de l’AfCFTA risque d’asseoir davantage la domination des entreprises sur l’élaboration des politiques agricoles, en mettant à l’écart les petits exploitants et l’agroécologie.

Recommandations d’action :

Le rapport appelle à des réformes urgentes pour s’assurer que l’AfCFTA et les politiques agricoles post-Malabo donnent la priorité à la souveraineté alimentaire, à l’agroécologie et aux droits des agriculteurs :

  • Une annexe autonome sur les droits des agriculteurs, le SSFM et la souveraineté en matière de semences dans le cadre du protocole sur les droits de propriété intellectuelle de la zone de libre-échange des Amériques.
  • Règlements sur la biosécurité pour empêcher les OGM de contaminer les systèmes de semences gérés par les agriculteurs.
  • Renforcer la protection contre la biopiraterie par des exigences explicites en matière de divulgation et des dispositions relatives au partage des avantages.
  • L’abandon de l’alignement UPOV 1991 au profit d’un système de gouvernance des semences sui generis qui soutient les petits exploitants agricoles.
  • Réévaluer le rôle de l’AGRA dans l’élaboration de la politique agricole de l’AfCFTA afin d’éviter que les entreprises n’empiètent sur le terrain.

Malgré les difficultés, le rapport met en évidence une dynamique de changement croissante, l’Afrique adoptant l’agroécologie, renforçant le système de gestion de la sécurité alimentaire et promouvant des politiques conformes à la déclaration des Nations unies sur les droits des paysans (UNDROP) et au protocole de Carthagène sur la prévention des risques biotechnologiques.

Citations des principales parties prenantes :

  • Jean Paul Sikeli, SE COPAGEN, a déclaré : « Si l’Afrique veut parvenir à une véritable souveraineté alimentaire, elle doit s’affranchir de la dépendance aux semences des entreprises et investir dans des politiques qui protègent les petits agriculteurs, la biodiversité et les systèmes semenciers traditionnels ».
  • Bright Phiri, du CSAP, a ajouté : « L’AfCFTA devrait être un outil permettant de renforcer le commerce intra-africain de semences et d’aliments gérés par les agriculteurs, et non un moyen pour les multinationales de dominer l’agriculture africaine ».

Événement de lancement et disponibilité du rapport :

Le rapport sera officiellement lancé le 6 mars 2025 à Nairobi, avec une table ronde réunissant des experts en agroécologie, en souveraineté alimentaire et en politique commerciale agricole. Le rapport complet peut être téléchargé à l’adresse suivante:

RAPPORT COMPLET

FICHE D’INFORMATION 1 : Qu’est-ce que ça veut dire pour la souveraineté des semences ?

FICHE D’INFORMATION 2 : Qu’est-ce que ça veut dire pour la sécurité alimentaire ?

Pour les demandes de renseignements des médias, les interviews, ou pour plus d’informations, veuillez contacter :

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