Le 16 mai 2024, l’Assemblée nationale du Nigeria a pris une décision historique en suspendant l’autorisation de nouveaux organismes génétiquement modifiés (OGM) dans le pays. Cette mesure, accompagnée d’une enquête officielle sur les procédures d’approbation, a culminé par une audience publique le 19 novembre 2024. Des scientifiques, agriculteurs, organisations de la société civile, défenseurs des consommateurs et experts juridiques y ont présenté des preuves et exprimé leurs préoccupations. Cette décision marque un tournant majeur dans la gouvernance alimentaire du pays, en alignant l’action institutionnelle avec la demande citoyenne de transparence, de biosécurité et de responsabilité.
Depuis des années, citoyens, associations et organisations paysannes alertaient sur la prolifération incontrôlée des OGM, dénonçant des évaluations de risques insuffisantes, l’absence de consultation publique et des impacts potentiels sur la santé et l’environnement. La suspension traduit la reconnaissance que les choix alimentaires doivent reposer sur une science rigoureuse, une participation démocratique et un engagement clair en faveur de la souveraineté alimentaire.
Ce changement de cap résulte d’un plaidoyer soutenu de la société civile, notamment la Health of Mother Earth Foundation (HOMEF), épaulée par des chercheurs et les médias. Leurs actions incluaient séances d’information auprès des législateurs, campagnes publiques, manifestations, conférences de presse, émissions radio et télé, ainsi que des programmes communautaires. L’audience de novembre 2024 a confirmé une prise de conscience croissante, soulignant la nécessité de protocoles de biosécurité plus stricts, d’un étiquetage clair et d’investissements accrus dans l’agroécologie et les systèmes semenciers traditionnels.
La suspension des OGM n’équivaut pas à une interdiction, mais ouvre une période de réexamen et de réforme. Elle renforce aussi les initiatives continentales comme la campagne Je mange africain de l’AFSA, qui défend la diversité semencière locale et les systèmes alimentaires traditionnels. Le Nigeria sème ainsi les graines d’un avenir alimentaire plus transparent, inclusif et souverain, fondé sur la santé, le patrimoine et la dignité humaine.



